Matthias Guallarano, interprète Christan

Rencontre avec...

Matthias Guallarano, Christian

 

Matthias Guallarano est Christian dans le Cyrano de Bergerac mis en scène par Gaëtan Petot*. Il nous raconte comment la scène est devenu un besoin, et ses secrets pour incarner un personnage bien moins insipide qu’il n’y parait. Avec passion et engagement.

 

 

Comment as-tu découvert dans le théâtre ?

C’est une histoire de contexte familial : je me suis toujours senti différent de mes deux frères, et « à part » dans un milieu de scientifiques où je ne trouvais pas ma place. Ma légitimité, c’était de faire rire et de me donner en spectacle. C’était aussi une façon de déjouer les confrontations.

Puis j’ai découvert le théâtre au catéchisme... et continué le catéchisme uniquement pour jouer des scènes ! Ensuite, au collège je faisais du théâtre. Tout comme pendant les vacances dans les villages vacances, avec les autres ados. Mais quand j’ai trouvé une compagnie de théâtre qui cherchait des jeunes acteurs, mes parents m’ont dit « passe le bac d’abord ». Je suis revenu à ma passion ensuite !

 

Tu es plutôt cinéma ou théâtre ?

J’adore les nouvelles expériences, et j’ai envie de tout faire – doublage, image, scène, musique – mais la scène m’attire plus que tout. Le rapport au public est irremplaçable.

J’ai hésité longtemps à m’engager dans le théâtre jeune public, par peur de l’image renvoyée, mais j’adore ça. J’ai découvert un jeune public sans idée préconçue, insensible aux faux semblant, mais hyper exigeant sur ta sincérité. Cela n’a rien d’un « sous-théâtre ».

 

Quelle a été ta réaction quand Gaëtan t’a proposé le rôle de Christian dans Cyrano de Bergerac ?

Cela n’a pas été une surprise, car Gaëtan m’en parlait depuis des années. J’étais heureux et flatté que Gaëtan pense à moi, heureux et fier pour lui qu’il puisse concrétiser son rêve.

Ensuite sont venus les doutes : j’avais une vision peu précise de Christian, qui me semblait plutôt niais et insipide face à la verve de Cyrano. En relisant le texte, en discutant avec Gaëtan, j’ai redécouvert un Christian bon camarade, avec des valeurs, un honneur. J’ai appris à aimer Christian, qui me ressemble sur bien des points, et je suis fier de jouer ce rôle.

 

Comment faire vivre ce rôle face à Cyrano, qui prend tant de place ?

Christian est fou amoureux d’une fille qu’il a juste regardée, est prêt à se battre avec un inconnu parce qu’il courtise Roxane, demande à Cyrano d’écrire les lettres à sa bien-aimée : tout cela peut sembler puéril. Pourtant, il a du mal à s’exprimer.

Alors pour le jouer, je dois le comprendre. Plonger dans son époque et ses valeurs, sa façon de penser. Christian a un côté « sang chaud », gentil mais qui peut vite s’énerver, il plonge dans une histoire sans queue ni tête mais la poursuit au risque de se faire mal... il faut que je comprenne chaque décision, chaque phrase. Alors je me projette, je m’applique à lire et relire la pièce, à différents moments, pour analyser les réactions de Christian à la lumière de mon humeur du moment. J’avance par touches successives...

La difficulté supplémentaire est que le texte est en alexandrins. Il faut décomposer les vers, alors que je suis plutôt « instinctif » dans mon jeu. Mais le rôle n’est pas vertigineux comme celui de Cyrano, qui a plus de la moitié des répliques à lui seul !

 

Comment se déroulent les répétitions ?

J’ai la chance de jouer avec Laurent et Manu, que je connais depuis des années. Odile (Roxane) s’est greffée avec facilité. Nous nous aimons, nous nous comprenons au-delà des mots et cela rend le jeu fluide, naturel.

 

Pourquoi faut-il aller voir le Cyrano de Gaëtan ?

L’idée du chœur, imaginé par Cyrano, rend le personnage plus humain et nous aide à comprendre ce qui se passe « dans » Cyrano : la colère, la tristesse, la peur... C’est une expérience nouvelle !

Surtout, la pièce est plus que jamais d’actualité. Cyrano nous montre le monde avec des mots justes, qui nous font du bien. Il nous parle d’amour et de déception amoureuse, de politique et d’engagement politique, d’envie de ne pas céder aux atrocités du monde, de savoir que quoiqu’il arrive, on aura « fait notre part ». Ce sont des choses que l’on a besoin d’entendre aujourd’hui, que l’on aura toujours besoin d’entendre plus tard.

 

As-tu d’autres projets, après Cyrano ?

Je travaille déjà sur un autre spectacle, une création qui s’appelle « Du givre dans les oreilles ». Une pièce radicalement différente : 2 personnages au bout du monde – lui le vent, elle la mer – perdus dans leur temporalité. Mon personnage est habité par beaucoup d’autres...

 

 

Tu es Christian, et tu débarques en 2025. Comment te sens-tu ?

Il n’y a chez moi aucune hypocrisie, aucun faux-semblant, aucune compromission. Je suis révolutionnaire – peut-être chef de parti, de gauche, meneur d’hommes et brave. Je n’hésite pas à aller en première ligne pour défendre mes valeurs et mes idées. Je me bats pour la liberté. Je pourrais même être un héros.

Bien sûr, j’ai toujours du mal à oser aborder les femmes.

 

 

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